jeudi 29 mai 2008

Bad News / Good News: savoir garder le cap!

Ma "twin sister", un garçon qui est devenu un ami, cette soeur Rose dont vous lisez peut être le blog et bien, elle part dans quelques heures rejoindre nos soeurs de Londres!
Ce WE est un peu étrange.
Notre Soeur Kékette du couvent d'As à Bordeaux vient nous rejoindre. Ensemble, avec Thérézille, Apostasia et Benoit nous seront à l'anniversaire des Panthères Roses à Paris. Nous y célébrerons sans doute la Grand Messe du Couvent et nous arpenterons les étages, du dance Floor à la backroom pour faire vivre nos voeux au service de tous.
Pendant ce temps, Soeur Rose sera à Londres en mission pour présenter nos projets à nos soeurs anglaises. Ensuite elle sortira certainement faire la fête et dormira quelques heures avant de chausser ses talons pour participer à une grande marche en compagnie du Couvent Londonien.
Notre petite communauté se partage, les énergies circulent.
Dimanche dernier nous étions invitées au chapitre du Couvent de Paris, mardi on bouclait les festivals de Soullac et des Solidays et nos projets de ressourcements progressaient, ce WE, avec ces deux actions, l'un de nos objectifs se réalise.
Pourtant, cette même semaine, à travers deux rencontres, le tamtam sororale et le silence de certaines, je comprenais aussi que rien n'était apaisé, qu'ailleurs (et bien heureusement pour nous, assez loin) la colère et le ressentiment étaient entretenus, viraient à l'injustice, se donnaient des raisons d'avoir raison envers et contre tout.
On en parle entre nous à demi mot, comme pour ne pas ajouter de la peine à la tristesse. La déception est souvent pire que la colère, c'est une émotion qui vous anesthésie et rend l'autre étranger, inaccessible.
Alors l'une à Londres, les autres à Paris, on va continuer à faire ce qu'on peut pour s'offrir de bonnes nouvelles et ainsi trouver l'énergie de dépasser les mauvaises.
Bonne route ma Rose, tous nos voeux t'accompagnent!

lundi 26 mai 2008

Le bonheur de Bénir

C'est une chose qui me fascinait dans la Bible, dans les livres puis dans la vie religieuse.

Un jour, en Alsace, je fus invité à célébrer le Shabbat chez un couple d'amis juifs. A la fin du repas, les enfants s'approchèrent du père pour recevoir sa bénédiction. L'un après l'autre, ils s'inclinèrent. Mon ami, pas particulièrement religieux, était soudain transfiguré. Concentré, silencieux, il posait ses mains sur la tête de chacun, prononçait dans un murmure la formule de bénédiction. L'instant d'après, en regardant son enfant, on aurait pu croire qu'il le voyait pour la première fois tant ses yeux étaient plein de tendresse, d'affection, presque d'émerveillement. J'en restais bouleversé.

Combien des vieux enfants, que nous croisons sur les trottoirs de France et d'ailleurs, ont espéré recevoir un jour un tel regard de leurs parents ? combien se sont construits pour un jour le mériter ou juste pour en faire le deuil ?

Mon cher vieux maître en Philo qui, quelques années plus tard, serait aussi mon Père abbé, lorsque je lui racontait cette histoire, me dit que la bénédiction n'appartenait pas au prêtre même chez les catholiques. "Nous sommes tous Prêtres, Prophètes et Rois car nous sommes Enfants de l'Univers, c'est l'Amour seul qui Bénit celui qui est aimé" me dit-il.

Alors, aujourd'hui Soeur de la Perpétuelle Indulgence, j'aime bénir.
Ça fait même marrer mes frangines de me voir trifouiller dans mon sac tout le temps, pour retrouver mon tube de paillettes !
J'ai ma p'tite liturgie de bénédiction, celle qui doit faire rire et offrir un symbole accessible à chacun.....
mais au fond de mon coeur, au plus profond de moi, j'essaie que chaque fibre de moi-même s'unisse à cette antique formule de Bénédiction que je récite en silence:

Que l'Amour te bénisse et te garde
qu'Il fasse sur toi rayonner son Visage
Que l'Amour te découvre ton propre visage
et qu'Il t'apporte la Paix

Dans ces instants là, j'espère, je veux croire, que cette bénédiction, que l'Amour à travers quelques paillettes et un regard, peut venir apaiser, guérir, transfigurer toutes les malédictions.
Le silence est malédiction, l'indifférence, le mépris, la colère, la rancune, les insultes sont des malédictions.
Ils sont un miroir qui nous renvoie à la haine de nous même, qui nous pousse à notre tour à maudire ce que nous sommes, à maudire l'autre.
Privés d'Amour, privés de Bénédictions nous sommes aussi privé de l'immense bonheur d'Aimer en retour, de Bénir ce et ceux qui nous entourent.

alors, simplement...

Be blessed


vendredi 23 mai 2008

Communauté et Communautarisme, Village ou Réserve ? de nos rêves de grands espaces...

"gay hors milieu... adepte du milieu s'abstenir... allergique au ghetto... je ne supporte plus le milieu" ironiquement on peut souvent lire ça dans les annonces sur le net, l'entendre dans les bars du Marais , parfois même dans des discussion entre Soeurs.
Beaucoup de gays (et d'hétéros) n'aiment pas le milieu, parlent de ghetto, s'enflamment sur la fameuse (mais bien difficilement définissable) communauté gay.

Les "espaces gays" sont multiples, polymorphes et je suis de ceux qui croient que tout est politique du publique au privé en passant par l'intime.
Qu'on cherche un "plan" (voir l'Amour) sur le net ou un bar pour discuter avec ses amis sans révulser ses voisins de table, qu'on lise Têtu ou Hocquenghem pour comprendre ou rêver, qu'on ne vive plus que pour son couple chez soi entouré de quelques amis ou qu'on écume les boites d'europe ; Etre gay demande un (des) espace (s) parce que c'est une nécessité de l'existence elle-même.
et on m'accordera facilement que les espaces dits "publiques" sont loin de nous être acquis, propices voir hospitaliers!

Pour les homos (filles ou garçons) comme pour "les étranges et venus d'ailleurs" de tous poils et espèces, il faut sans cesse investir des espaces, il nous faut sans cesse penser l'espace, le conquérir, souvent le délimiter ou le déminer pour pouvoir être soi, ne pas se trouver en danger physique, affectif, social ou intellectuel. Bien souvent, nous devons, après les avoir désespérément rechercher, assumer les espaces que l'histoire, la technologies et les combats de certains de nos aînés nous ont laissé en héritage. C'est souvent ici que les récriminations et les allergies commencent!

J'suis un garçon, un pédé (qui ne rechigne pas sur les relations féminines), un intello (pour autant que ça veuille dire quelque chose), un métis, un p'tit bourge, un "- de 30ans (enfin plus pour longtemps lol!), un croyant, une Soeur de la Perpétuelle Indulgence... combien d'autres cases et tiroirs, combien d'autres espaces encore ?
Il faut bien que tout cela puisse co exister quelque part, pour que je puisse exister !

Alors on devient passe muraille, transfrontalier, voyageur, chercheur d'espaces, créateur de terres éphémères, pèlerin et mendiant sur les géographies sociales, militant, missionnaire et explorateur pour des terres d'avenir.

Les Gay Prides, quoiqu'on en dise ou pense, essaient, en plus du reste, d'être cela: un espace.

Une Soeur sur le trottoir d'une ville porte un halo, crée un espace, offre une île d'un instant où tout peut se dire, se partager, s'inventer, où tout doit pouvoir exister sans autre limite que le Respect, sans autre valeur que l'Amour.

La communauté gay n'est qu'une cartographie complexe, mouvante et en perpétuelle évolution d'espaces pour être gay.
Certainement nous ne sommes pas que gay mais plus certainement encore on doit se battre pour que ces espaces deviennent un lieu de co existance de toutes les différences, sorte de laboratoire libertaire des diversités. Ce qui s'était fondé sur une particularité, ce qui avait été crée pour être un espace où vivre un désir minoritaire et un espoir singulier irriguera peut être alors la communauté humaine, notre société toute entière, l'Espace qui nous est offert pour exister.

Quand j'écrivais que tout est politique!!!
Tout est surtout un rêve en acte où l'on ne devrait espérer moins pour tous que pour soi-même.
Samedi dernier nous rêvions à Bruxelles, samedi prochain nous rêverons à Tours.

Aux rêveurs éveillés qui bâtissent des cathédrales de nuages où ensemble, chacun puisse être soi je suis heureux de dédié ce post.

jeudi 15 mai 2008

Soirée Magique, la fin d'un doute

Si je m'étais planté ? si T de la VF avait vraiment été, à elle toute seule, le Couvent de Paname ? si je n'avais fait que briser un équilibre certes injuste et malsain mais finalement nécessaire ? si nous nous étions embarquées sur un navire trop grand pour nous et que nous allions faire naufrage par manque d'expérience, parce que dès le départ nous n'avions pas les qualités requises ?
Il y avait du symbole là dessous.
Première grande soirée avant le Marathon jusqu'aux Solidays, Soeur Ursita sur un DanceFloor, Soeur Rose en metteuse en scène délirante, des postulants derrières le stand, Apostasia resplendissante... et moi, angoissé tentant de laisser mes questions dans ma trousse à maquillage.
Samedi dernier, le Couvent de Paname célébrait sa nouvelle Messe en avant première chez les Nounours.
Une semaine de galère, de stress, de nuits trop courtes et d'heures passées au téléphone mais une semaine de surprises, de bonnes volontés, d'idées, de solidarité et de créativité.
Papa et Maman Rose, Agnès, Christophe, le p'tit monsieur de la boutique de tissus au Marché St Pierre, tous, ils nous ont encouragé, filé un coup de main ou se sont jetés à corps perdu dans l'aventure.
Après 3 heures de répétitions, quelques cachets de vitamines C et plusieurs bouteilles de Perrier; nos ouailles ont applaudi, ils ont adorer et nous, on s'est éclaté!
Bien sûr, il y a des choses à reprendre, des améliorations à faire avant Soullac et surtout les Solidays mais la banane sur le visage de mes soeurs était là. Heureuses, fières, soudées, motivées, on avait gagné notre pari toutes ensembles.
Alors, en quittant la scène pour aller fumer une clope dehors, j'étais épuisé, j'étais heureux, j'étais bouleversé.
Six mois de galère, des mots impardonnables, notre couvent mis à sac par l'Ego Trip de celle qui lui avait offert des heures grandioses, beaucoup de doutes, trop d'angoisses, des décisions difficiles et des ruptures inévitables pour que sur le trottoir 5 rue de la Croix Nivert vers 3h du mat, j'ai finalement la certitude que nous avions fait pour le mieux.
Finalement, j'avoue que j'ai eu peine à retenir mes larmes dans les bras d'Apo et de Rose, que j'ai foncé faire un calin, comme un gosse, dans les bras d'Ursi et qu'on a toutes explosé d'un rire salvateur, quand, le poing levé vers les étoiles, elle a hurlé:
"Paname for Ever"
avant de se tourner vers nous pour nous glisser, avec son regard bleu, pétillant de malice:
"Good Work Girls!"

mercredi 14 mai 2008

Le Blues du Ressourcement

L'année dernière, à peu près à la même époque, j'avais une marraine, une soeur ainée et j'étais au Couvent des Montagnes pour faire un ressourcement avec des soeurs devenues presque mythiques tant on m'en avait parlé.
J'étais pas rassuré, pourquoi le cacher, moi qui déteste la nature presque autant qu'elle m'en veut, qui n'avait aucune idée de ce que pouvait être une semaine partagée avec des malades. Bref, j'avais la trouille, une rage de dent, une demie tonne de bagages, la phobie du vert mais j'avais surtout une envie de Folle d'aller là haut voir ce qui se passait de si beau pour que mes soeurs en parlent les larmes aux yeux, la joie au coeur, la passion dans la voix.
L'année dernière, un peu plus tard dans le mois, je rentrais du Couvent des Montagnes le jour de mon anniversaire.
A la gare de Lyon, mon coloc et mon grand frère me faisaient la surprise d'être là.
Dans le taxi, à la maison, au restaurant, ils n'ont pu m'arrêter tant j'avais besoin de raconter, de décrire, de partager les larmes d'Assina, le sourire de José, les délires de Dominique, mon élévation au rang de Soeur du Couvent des Montagnes.
Encore aujourd'hui, j'ai le coeur qui palpite de la Folie de mes soeurs, du dévouement d'Anne et Etienne, de la Beauté, de la Liberté, de la Profondeur de tout ce qui a pu s'offrir quelque part dans le Vercors.
Un an plus tard, ma marraine s'en est allée, ma grande soeur aussi, beaucoup de choses ont été brisées stupidement! Cinq soeurs sont au Couvent des Montagnes avec un nouveau groupe de ressourcés.
Je sais que derrière mes mots il y a de la colère, du dépit et de la frustration.
Si notre dernière action a fini de me convaincre que nous avions eu raison, si le sourire des Bears pendant la messe samedi dernier, les confessions dans les backrooms le samedi précédent ne valent pas moins que ceux des ressourcés au Caribou.......
et bien, malgré tout, j'ai le Blues du ressourcement, j'aimerais être là haut avec elles et que rien n'ai changé entre nous.
J'aimerais croire que le temps fera son effet, qu'en Décembre les choses auront été mises à plat et que je remontrais, que j'y accompagnerais de nouvelles soeurs ou novices de Paname pour qu'elles puissent découvrir l'aventure fabuleuse d'un ressourcement et se découvrir à travers ces instant magiques.
J'aimerais le croire...
mais la Vie m'a appris qu'on ne peut être responsable que de soi et de ses actes, que ce qui n'est pas entendu une première fois l'est rarement la seconde, que les mêmes causes produisent souvent les mêmes effets.
Alors les Filles, vous qui continuez l'aventure, loin là haut dans la montagne, que votre semaine soit de Lumière pour l'Amour de vous mêmes et de nos chers ressourcés.
Dans la Vallée, ce n'est pas le boulot qui nous manque, on continuera a se battre avec parfois au fond du coeur... le Blues du Ressourcement.

dimanche 4 mai 2008

Ombres et Lumières

In loving Mémory of Sister Tasha Salad...

La nuit dernière nous étions sur le trottoir, dans les bordels.
La nuit dernière naissait à la Lumière des Soeurs un jeune postulant qui pour la première fois venait arpenter les chemins de traverses des coeurs de nos étranges paroissiens.
La nuit dernière l'âme d'une soeur, la Lumière et la Vie de l'une de nos soeurs, quittaient nos rivages et partaient rejoindre ce paradisco, cet Eden des Folles d'aujourd'hui et d'hier.

Nos soeurs américaines sont en deuil, l'Ordre tout entier se tait un instant.

De Paris à Seattle, de Sydney à Berlin, ainsi s'éteint et renaît la Lumière dans un souffle pailleté.
Pour l'Amour de nous même, pour que vive et parfois survive, l'Amour lui même dans nos coeurs, dans les coeurs de notre communauté, au coeur d'un monde qui en perd le goût de rire... nous avons partagé des petits bouts de latex pour protéger la Vie, nous avons écouté, béni, confessé, partagé, rigolé comme des dindes, pédalé comme des folles.

Ainsi, toujours, la flamme jetée au brasier, nourrit un feu qui espère l'Incendie.

L'Ephémère mérite la Beauté et la Joie, l'Ombre des nuits du Siècle appelle le bruit de nos talons, le frémissement de nos faux cils, l'incandescence de nos paillettes.
Sister Tasha le savait, postulant Benoit en a l'intuition, tous les lutteurs du quotidien en portent la certitude dans le regard.
Merci a ceux qui d'Ombre et de Lumière savent peindre l'Existence.

Battez vous pour aujourd'hui sinon demain mourra de nos sommeils

Benoit: Bienvenue, Chérie!

Tasha: Goodbye and Thanks, Darling!