dimanche 3 février 2008

Vivre dans l'Histoire

Il y a peu, nous étions dans une asso de jeunes gays et lesbiennes. Deux soeurs, un postulant pour raconter, présenter, partager l'histoire des soeurs et notre vie de soeur de la Perpétuelle Indulgence.
Presque un exercice de style où nous avons vu maintes fois nos ainées s'illustrer avec brio. Surtout ne pas oublier les dates, étaient-elles trois ou quatre à la première action... bref comment redire sans trahir ou rabacher ?
Je crois que nous nous en sommes bien sorties mais le plus étonnant pour moi reste ce sentiment étrange; faire parti de l'Histoire!
Si souvent j'ai l'impression de subir, de voir s'agiter l'Histoire et d'en garder juste l'écume, d'en avoir le sel sur le visage sans jamais avoir pu me jeter dans les vagues.
Il y eut de grandes manifs et oui, j'y étais. Quelques mouvements artistiques, politiques ou spirituels et là aussi, je fus du lot.
Mais, cette fois-çi en parlant de la communauté gay, de ses tribulations durant la seconde moitiée siècle précédent, de cette saloperie de Sida, des Soeurs, du bonheur et des déceptions rencontrés en trainant mes talons sur les trottoirs et les dancefloor; notre histoire était la mienne, mon aventure rencontrait celle de beaucoup d'autres.
Instant étrange où tout est en harmonie mais aussi en mouvement.
Certains se vantent de ne pas changer, de n'avoir jamais varier et cela m'a toujours fait rire intérieurement. Un peu comme les notaires de Brel dans sa chanson sur les Bourgeois, ils sont ravis de se regarder passant les années, satisfaits. Comme Brel je trouve cela touchant, comique et un peu pathétique aussi.
J'espère que j'ai changer et que je continuerais à évoluer, à tenter l'Histoire!
Se détourner de l'histoire est un peu ce que me semble faire beaucoup dans notre pays. Inquiets pour leurs histoires individuelles (leur travail, leur famille) ils laissent à d'autres le soin de faire l'Histoire. Ce n'est jamais très bon signe pour les libertés collectives et individuelles.
Mais, depuis ce beau sentiment à la sortie d'une action sans rien d'extraordinaire, j'essaie, un peu plus, de savourer et de comprendre, de conserver et de tendre vers...
Bref, de vivre mon histoire avec et dans l'Histoire.
Sur la Carte du Temps que Nos Chemins soient de Lumière

jeudi 24 janvier 2008

L'histoire d'une Soeur ?

En débutant la rédaction de ce post (et de ce blog) je me demandais qui allait parler et de quoi... Car cette Soeur de la Perpétuelle Indulgence est aussi un citoyen, un "militant" queer, un garçon qui aime des garçons et parfois, aussi, des filles.
"Au début d'une histoire il y tout ce que l'on dit, tout ce que l'on voudrait dire et aussi tout ce qu'il faut savoir taire " disaient nos anciennes.
Je voulais offrir un peu de cette magie dont le manque pousse des gamins à se jeter sous des métros pour ne pas voir arriver le jour suivant. Je voulais partager toute la poésie, tout le courage et tout l'amour qu'on se réfuse mais qui suintent dans les regards certains soirs. Je voulais offrir un visage de faux cils et de paillettes à tout ce qui me dégoute et me fait serrer les poings
Lutter avec Amour et Humour.
Depuis le Juillet 2006 me voila entré dans l'Ordre des Soeurs de la Perpétuelle Indulgence; un truc de dingues pour mes amis, une folie de plus pour ma famille.
En un peu plus d'un an et demi je suis devenu Soeur de la Perpétuelle Indulgence, mon colocataire est entrée dans l'Ordre, mes amis (chacun à leur manière) se sont mis à partager cette aventure, ma famille regarde notre combat avec un respect et une fierté dont les points d'interrogations sont devenus, peu à peu, des mots que nous partageons ensembles.
Et le garçon sous le maquillage a changé lui aussi.
J'ai vaincu des peurs, j'en ai découvert de nouvelles. Mes rapports au milieu gay et queer ont évolué.
Ce blog ne sera pas une suite de résumés édifiants de ce que les Soeurs font à Paris et ailleurs dans le monde. Les sites internet de chaque couvent le font très bien.
Je crois que ce sera juste le journal, pas si intime que ça, d'un garçon de 27 ans embarqué volontaire dans une aventure qui le dépasse.
Si j'avais su qu'aimer les garçons, la liberté, la justice, la beauté pouvait mener à la vie que j'ai actuellement... alors je n'aurais pas aimer moins ni différement, j'aurais peut-être simplement eu moins peur de souffrir.
"Tachons d'être Heureux"!