vendredi 23 mai 2008

Communauté et Communautarisme, Village ou Réserve ? de nos rêves de grands espaces...

"gay hors milieu... adepte du milieu s'abstenir... allergique au ghetto... je ne supporte plus le milieu" ironiquement on peut souvent lire ça dans les annonces sur le net, l'entendre dans les bars du Marais , parfois même dans des discussion entre Soeurs.
Beaucoup de gays (et d'hétéros) n'aiment pas le milieu, parlent de ghetto, s'enflamment sur la fameuse (mais bien difficilement définissable) communauté gay.

Les "espaces gays" sont multiples, polymorphes et je suis de ceux qui croient que tout est politique du publique au privé en passant par l'intime.
Qu'on cherche un "plan" (voir l'Amour) sur le net ou un bar pour discuter avec ses amis sans révulser ses voisins de table, qu'on lise Têtu ou Hocquenghem pour comprendre ou rêver, qu'on ne vive plus que pour son couple chez soi entouré de quelques amis ou qu'on écume les boites d'europe ; Etre gay demande un (des) espace (s) parce que c'est une nécessité de l'existence elle-même.
et on m'accordera facilement que les espaces dits "publiques" sont loin de nous être acquis, propices voir hospitaliers!

Pour les homos (filles ou garçons) comme pour "les étranges et venus d'ailleurs" de tous poils et espèces, il faut sans cesse investir des espaces, il nous faut sans cesse penser l'espace, le conquérir, souvent le délimiter ou le déminer pour pouvoir être soi, ne pas se trouver en danger physique, affectif, social ou intellectuel. Bien souvent, nous devons, après les avoir désespérément rechercher, assumer les espaces que l'histoire, la technologies et les combats de certains de nos aînés nous ont laissé en héritage. C'est souvent ici que les récriminations et les allergies commencent!

J'suis un garçon, un pédé (qui ne rechigne pas sur les relations féminines), un intello (pour autant que ça veuille dire quelque chose), un métis, un p'tit bourge, un "- de 30ans (enfin plus pour longtemps lol!), un croyant, une Soeur de la Perpétuelle Indulgence... combien d'autres cases et tiroirs, combien d'autres espaces encore ?
Il faut bien que tout cela puisse co exister quelque part, pour que je puisse exister !

Alors on devient passe muraille, transfrontalier, voyageur, chercheur d'espaces, créateur de terres éphémères, pèlerin et mendiant sur les géographies sociales, militant, missionnaire et explorateur pour des terres d'avenir.

Les Gay Prides, quoiqu'on en dise ou pense, essaient, en plus du reste, d'être cela: un espace.

Une Soeur sur le trottoir d'une ville porte un halo, crée un espace, offre une île d'un instant où tout peut se dire, se partager, s'inventer, où tout doit pouvoir exister sans autre limite que le Respect, sans autre valeur que l'Amour.

La communauté gay n'est qu'une cartographie complexe, mouvante et en perpétuelle évolution d'espaces pour être gay.
Certainement nous ne sommes pas que gay mais plus certainement encore on doit se battre pour que ces espaces deviennent un lieu de co existance de toutes les différences, sorte de laboratoire libertaire des diversités. Ce qui s'était fondé sur une particularité, ce qui avait été crée pour être un espace où vivre un désir minoritaire et un espoir singulier irriguera peut être alors la communauté humaine, notre société toute entière, l'Espace qui nous est offert pour exister.

Quand j'écrivais que tout est politique!!!
Tout est surtout un rêve en acte où l'on ne devrait espérer moins pour tous que pour soi-même.
Samedi dernier nous rêvions à Bruxelles, samedi prochain nous rêverons à Tours.

Aux rêveurs éveillés qui bâtissent des cathédrales de nuages où ensemble, chacun puisse être soi je suis heureux de dédié ce post.

2 commentaires:

Kriss a dit…

Ah le démon du rangement, tout doit être classé, étiqueté, et surtout hiérarchisé dans sa petite case et ne pas en sortir... Mais en même temps, on fustige les communautés et les fameuses "dérives communautaires"... quand on ne les compare pas à des ghettos qui a un sens beaucoup plus lourd, notamment historique et surtout la plupart du temps subit sous la contrainte. N'oublions pas qu'au sens étymologique originel : cum munus, la communauté est un groupe de personnes ("cum") qui partagent quelque chose (munus). Pas de contrainte, ni d’enfermement : juste du partage. Et comme je suis quelqu'un de très partageur :), j'appartiens à beaucoup de communauté, notamment la communauté gay. Et pour revenir au propos plein de sagesse de Sœur Mystrah, J’éprouve par moment l’envie, le besoin de me retrouver dans un espace « gay » le temps d’un moment. J’ai fait mon coming-out familial, amical et professionnel depuis quelques années et tout se passe très bien… Mais je ne suis 100% moi-même qu’en environnement gay/gay-friendly, le reste du temps je ne suis moi qu’à 99%, le 1% qui reste se ballade dans ma tête et me fait parfois paraitre dans la lune… J’irai donc à la Gay Pride avec joie et plaisir, faire un tour dans le Marais à l’occasion, admirer et soutenir tant que peu le travail des militants, notamment les Sœurs ! Merci à vous et bénissez-moi ma sœur.

poupine a dit…

du haut de mes 18 bougies, de ma fatigue et de ma bètise, je lis tout ça et je me dis que j'ai encore beaucoup à apprendre :)

après t'avoir lu, je serai surement grandi, un peu peut etre un peu plus même.

j'aime lire ce qu'une soeur peut écrire (même si à 2h du mat' j'ai du mal à tout comprendre :p )