vendredi 28 novembre 2008

reprise

un long moment de silence veut toujours dire quelque chose!
Pas de grandes bourrasques, pas même un petite intempérie, juste le temps qui file et des priorités qui changent, évoluent, se déplacent pendant quelques temps.
Le p'tit couvent avance et ses soeurs y sont pour beaucoup. On cogite, on discute, on se passionne et on rêve ensemble pour répondre à tout ce qui nous touche, à tant et tant de trottoirs qui appellent nos talons. On apprend à respecter les indépendances pour être mieux ensemble. On prend le temps de réfléchir pour lancer des projets à long terme.
Un exemple...
Nous avons longuement discuté avec Apostasia du fameux livre de Tristant Garcia, La meilleur part des Hommes. Elle en a livré une critique magnifique et enflammée dans son article Triste Garçon dont j'essaierais de vous donner le lien dans un prochain post (faut que je me renseigne pour savoir comment on fait ça ! lol).
Nous n'étions pas d'accord et ne le sommes toujours pas. Ce qu'elle considère comme une forme de révisionisme des années 90 et de la grande guerre du Sida, je le vois comme une réapropriation par la fiction des enjeux humains d'une période pas si lointaine. Oui, la mise en abyme des personnage à travers leurs "alter égo" ( Didier Lestrade, Guillaume Dustan...) dans la réalité est culotée mais après tout, elle ne peut faire grincer des dents que dans le landerno transpédéguouine intello militant. Pour ces dents là, je ne m'inquiéte que fort peu car ils ont la canine solide.
Dans ce débat, je retrouvais d'autres débats, des ondes de chocs et des lignes de fuite qui chez les soeurs aussi font écho.
Une sorte de querelle inutile et stérile des anciens contre les modernes, où tout ceux qui n'ont pas connu le Père Lachaise trois fois par semaine (merci pour la culpabilité facile et le diktat compasionnel) ou les grandes heures d'Act Up (voir juste le Palace et le piano Zinc, voyez où se loge parfois l'Histoire!) se trouve en permamence cité à comparaître au grand tribunal de l'histoire, sommé de se justifier, de faire valoir leur droit à en parler, à y faire référence ou juste à s'en inspirer pour faire oeuvre de fiction comme ce Tristant Garcia. Seulement voila, ce sont souvent les mêmes grands prêtres qui se sont acaparé la mémoire de toute une époque et toute une communauté et la fossilisent par stratte avec une ardeur méritante qui se transforment souvent, l'instant d'après, en prophètes maudits jetant anathèmes et imprécations sur une génération d'analphabètes grégaires et ingrats, consumuéristes et .... comble du comble... amnésiques!
La mémoire est une autre vie du passé, elle est mouvante. Qu'elle soit parcellaire, fragmentée, reformulée, détournée, revisitée, pour exister et se transmettre elle ne doit appartenir à personne et nous être commune à tous.
Voila, par exemple, les idées qui bouillonnent par chez nous et qui inspireront peut être une de nos prochaines actions....
Love, Peace and Freedom

mercredi 1 octobre 2008

Résistance

Une amie chez Aide me disait hier: "tout ça est épuisant, on a l'impression d'être entré dans la résistance". Des amis comédiens durant un apéro: "On résiste mais combien de temps avant de laisser tomber, trouver un CDI et prendre un appartement à crédit...". Ce WE, à Bruxelles, Fabrice, sculpteur et ami, parlait de résistance, Samuel et fanny, Nicolas et Hélène, universitaires, parlaient de résistance, François, gérant d'un grand restaurant, parlait lui aussi de résistance.
Mais à quoi avons nous l'impression plus ou moins de forte de résister ?
A la vie, à son cortèges d'ennuis, au temps qui passe, à la pression sociale, à des gouvernements pour qui la justice et le progrès social sont accessoires, aux inhumanités que nous portons en nous... est-ce à tout cela que nous résistons ?
Peut-être, certainement.
Mais nous résistons aussi à nos folies, à nos solutions modestes, éphémères, pour vivre autrement, pour nous ressembler un peu plus.
C'est ce tiraillement, plus que tout le reste, qui nous épuise.
Derrière le Sida je vois la honte, le rejet, la haine de soi, la misère affective, financière, intellectuelle. Je vois ces ombres derrière l'alcoolisme festif qui gangrène la communauté gay et de plus en plus de gamins, cet alcoolisme qui me donne parfois des envies de sobriété stricte et puritaine. Je les vois derrière le taux de suicide des moins de 25 ans, derrière l'isolement grandissant de ces vieilles folles qui firent flamboyer les années 60, 70, passèrent par le pire des cauchemars qu'ils ne pouvaient imaginer et s'éteignent à présent dans l'indifférence ou le mépris d'une génération qui veut se croire éternellement jeune et intégré.
A quoi dois-je résister, d'où me vient ce sentiment d'oppression ?
J'écoute Ferré:
"Ces yeux qui te regardent et la nuit et le jour
et que l'on dit braqués sur les chiffres et la haine
ces choses "défendues" vers lesquelles tu te traînes
et qui seront à toi
lorsque tu fermeras
les yeux de l'oppression."

Et je me dis que si jamais ne se ferment les "yeux de l'oppression" du moins nous n'aurons pas baisé le regard, nous aurons essayé de tenir tête comme ces gamins ivres d'orgueil, de morgue et de rêves dans les cours de récréation.
Nous n'aurons pas fermé les yeux sur et devant l'oppression.
Nous aurons résisté, nous résistons encore.
Nombreux sont les visages de l'oppression mais plus nombreux encore sont les visages de ceux qui lui ont tenu la dragée haute.
Peut-être que Léo parlait aussi des résistants du quotidien, de l'illusoire, du dérisoire, des petits pas, des jolis regards, des franches poignées de mains...
quand il chantait:
"Ils marchent dans l'azur la tête dans des villes
et savent s'arrêter pour bénir les chevaux.
Ils marchent dans l'horreur la tête dans des îles
où n'abordent jamais les âmes des bourreaux."

De mes îles aux vôtres je sais qu'il n'y a qu'un pas pour l'avoir souvent franchi avec mes talons. Nos résistances sont solidaires, je suis certain qu'elles savent se faire écho les unes aux autres.

mardi 16 septembre 2008

Ce Pape qui m'a foutu le bourdon!

Ben oui, ça arrive... le gros coup de blues de la rentrée fut pour cette action avortée à l'occasion de la venue de Sa Sainteté Benoit XVI.
J'suis pas du genre à me laisser aller mais là, un gros craquage.
Sûrement la fatigue puisqu'on avait bossé comme des dingues toute la semaine. Les tracts, la croix, la procession, les carnets de chant, les stations, tout aurait été réglé à l'heure de se mettre en marche.
Sûrement le manque de ma Twin, puisqu'il faut bien l'avouer, savoir qu'elle s'éclate avec nos frangines américaines quand je patauge dans les emmerdes de la rentrée; c'est pas la joie. Ne pas avoir la partie droite de mon cerveau et de mon coeur militant pour une telle action; c'est se sentir très seule!
Mais en fait c la rage et la déception qui l'ont emporté sur tout le reste. L'idée que Benoit XVI était à Paris, que la France parfumée à l'encens et à l'eau bénite, qui vomit les pédés, la liberté de conscience et d'expression, les modes de vie de tous ceux qui me sont chers, était en pleine démonstration de force et que les Soeurs de La Perpétuelle Indulgence se tairaient, n'iraient pas à la rencontre de tous ceux qui ont du bouffer du St Père et de la Catholicité à la télé, à la radio, dans la presse et sur les murs de Paris pendant trois jours; ça, ça m'a rendu malade!
Où était-il notre crédo de lutte contre la culpabilité alors que l'un des maîtres à penser de cette l'homophobie que tant et tant ont subie dans les cours de récréation, au cathéchisme, dans la culture consciente et inconsciente de la France, fille ainée de l'Eglise, que ce Vicaire du Christ était dans nos murs ?
On devait l'exercer ailleurs sûrement, on était occupé ou fatigué, je ne sais pas! 3 soeurs et une Novice disponibles la veille d'une telle action! j'en reviens toujours pas.
J'espère que mon couvent comptera un jour 30 ou 40 soeurs, qu'alors ce Pape ou un autre, aura la "bonne" (?) idée de revenir dans notre belle ville, symbole de liberté et de révolte.
J'espère que mes soeurs seront là, unies, pour aller à la rencontre de tous ceux pour qui, une visite du Pape réveille des souvenirs douloureux, des culpabilités enfouies. J'espère qu'elles seront là, cornettes au vent, la joie dans le coeur parceque nous avons fait voeux de servir notre communauté, de lutter pour elle et que notre fierté, nos forces, nos rêves se trouvent là.
Je suis en colère et je ne veux pas digérer cet échec. Je me souviens de cette phrase de Barbara: "Restons en Colère, soyons vigilant"
J'essaie d'apprendre à la maîtriser cette colère, à ce qu'elle ne m'anesthésie pas totalement au point de me pourir mon WE ou de me faire douter de mes soeurs.
Transformer la déception en carburant, la colère en moteur et savoir diriger sa p'tite auto vers du positif, du constructif, du collectif.
Pas évident mais je sais que je peux y arriver.
Au-delà de tout ça, tout ce WE, je crois que s'est aussi le croyant qui a souffert. Entendre une jeune chrétienne à la radio, croyant sûrement témoigner de sa foi, dire que le Pape est "le Christ sur terre", voir le sucesseur de Saint Pierre rivalisé de diplomatie avec un président de la république aussi stupide qu'inconséquent sur un sujet aussi grave que la place de la spiritualité dans la société, voir mes frères et mes soeurs chrétiens battrent des deux mains à des discours qui sont à des années lumières du message évangélique ou se murer dans un silence gêné, mêlé d'ambiguités et de paradoxes, sentir toute la culpabilité et la haine de soi que cela remue chez tellement de gay, de lesbiennes, de trans, de queers, d'enfants de la Lumière... ça me mine le coeur et l'âme.
Alors j'ai prié, depuis samedi je prie et je cherche à comprendre. Puisque je n'ai pas été là, sur le trottoir, pour les écouter, pour leur partager de la lumière et de la joie. Puisque je n'ai pas pu prier avec mes pieds, mes talons, mes paillettes, la main dans leurs mains, priez avec le coeur en leur disant; soyez heureux! soyez libre! Si dieu existe il ne vous a pas voulu autrement! je prie simplement pour qu'une petite voix en eux ait résisté, pour que l'Amour reste le plus fort.
"Tant qu'il nous faudra de la Joie pour effacer les larmes, tant que nos Amours ne seront pas reconnus, tant que le Sida ne sera pas vaincu; les Soeurs seront là..." disons nous.
Et bien samedi, alors que notre pays tout entier raisonnait des discours d'un apôtre qui nous condamne ; Les Soeurs de France n'y étaient pas.
"Doy gracias a Dios de ser gay", disait, il n'y a pas si longtemps, un prêtre espagnol faisant son comin out publiquement pour mettre fin à des années d'hypocrisie et de petits arrangements de conscience qui déshonnoraient sa Foi.
Moi aussi, je rends grâce au Christ, à Dieu, à la Lumière et à la Vie pour la liberté que j'apprends, pour les joies que je découvre, pour l'Amour qui ne s'éteint pas.
Sursum Corda, Deus est Caritas
ps: à tous les catholiques dont l'Eglise torture la foi, ne désespérez pas! Le pape n'est que l'évêque de Rome, la sucession apostolique instituée par le Christ n'est pas le Christ lui-même. Nous sommes nombreux à récuser bien des points du Magistère et nous n'aurons pas à en rougir devant le Père des Miséricordes.

mercredi 20 août 2008

Chamonix: La montagne ça vous gagne!

Gare de Lyon vendredi, trois soeurs, une novice, deux couvents en partance pour Chamonix !
Je ne voulais manquer ça sous aucun prétexte.
D'abord parce que l'invitation venait de Spartacus, le Capitaine des Gardes Cuisses du Couvent de Paris, un garçon drôle, gentil, profond, avec qui j'espérais depuis longtemps avoir l'occasion de travailler.
Ensuite, c'était à la fois l'occasion de voir Novice Kate (filleule de Soeur Rose) dans un contexte différent et l'occasion de rencontrer Lysistrata, une magnifique Soeur du couvent de Paris que je connaissais très peu.
Et puis j'adore bosser en province, les gens sont adorables et je suis sûr que notre travail hors périphérique est très important, peut être le véritable enjeux des années à venir pour l'Ordre en France et pour la communauté gay!
Évidemment, ce fut génial. Pourtant je ne suis pas fan de tenir le zinc en boite des nuits entières!
Mais le plaisir de découvrir des soeurs, mes soeurs, intelligentes dans leur sensibilité, délirantes dans le respect de nos voeux, fut au coeur de ce WE.
Quatre garçons, quatre histoires, des âges et des expériences différentes mais la même énergie, la même envie déployées dans des costumes, des personnages et des make up différents:
Magique!
Et puis il y avait nos ouailles!
C et D, le couple de garçons incroyables qui nous acceuillaient, attentifs, respectueux, militants du quotidien, eux les enfants du pays qui vivent ouvertement leur amour, font de leur maison le point de ralliement des p'tits jeunes qui se cherchent, essayent de les aider simplement, sans tambour ni trompettes: des mecs biens quoi!
Il y avait M., le fils de l'un d'eux, plein de malice et d'affection, avec sa(ses?) nana(s), sa bande de pôtes, son papa et le mec de son père. Un gamin qu'a le coeur au bout des lèvres dans un sourire qui se donne franchement: un beau gosse dans tous les sens du terme!
La liste serait trop longue si je devais vous faire le portrait des personnes qui ont marqué ce WE.
Deux d'entre eux restent dans un coin de mon coeur et de ma tête pour des raisons finalement assez différentes car j'avais rangé la soeur et que c'est le garçon qui les a tenus dans ses bras.
_ M. presque dix huit ans, dont les calins sur le canapé disaient tellement de ce que la vie ne lui a pas offert. J'avoue avoir douter. Aurais-je dû ? j'en sais rien, je suis juste heureux de ces instants partagés sans y réfléchir. Il en valait le coup, si seulement il pouvait l'apprendre dans des bras qui lui restent fidèles et puissent lui faire découvrir les trésors de tendresse qu'il porte en lui!
_ S. dix huit ans aussi, amant d'une nuit d'affection partagée qui ne trouvait pas ses mots. Autre regard, autre corps, autre histoire. J'ai aimé faire l'amour avec lui, bien sûr sans être amoureux mais avec toute l'affection et le respect qu'il a su m'inspirer.
Je ne supporte pas les plans Q, je crois aux désirs qui se rencontrent, éphémères ou non, peu importe pourvu qu'ils s'offrent un instant pour se partager librement, tendrement, affectueusement, simplement, respectueusement.
S m'a offert un tel instant et j'espère avoir su lui répondre à la mesure du désir qu'abritait chaque frémissement de son corps, chacune des lueurs de ses yeux.
Que lui souhaiter... de trouver tout ce que son coeur espère, sans rien perdre de ce qui fait la profondeur de son charme. Oui, c'est ce que je te souhaite Garçon.
C'était vraiment un beau WE pour la soeur et pour le garçon, ils eurent chacun leur temps, leurs joies...
Finalement, faut avouer que la Montagne, ils ont raison de le dire, ça vous gagne!

mercredi 13 août 2008

Un sacré vide!

Voila, Soeur Rose est dans l'avion pour les USA. Le Conclave puis la visite de différent couvents pour finir à San Francisco avec nos soeurs de la maison mère, elle va pas manquer d'occupation!
Mais bon, put...trois mois sans elle, ça va être long... ça me fout le blues.
Éclates toi ma Twin, et reviens nous avec plus d'étoiles dans les yeux que sur le drapeau ricain!
Allez ma fille, au boulot, moi j'ai trois mois de "calme" avant le retour de ma tornade préférée...
Demain en route pour un WE à Chamonix avec nos Soeurs du Couvent de Paris!

lundi 11 août 2008

Gay, Gay, Gay Marions-les!

Ce WE avec Mesdames Rubis et Kékette nous étions en campagne pour marier deux garçons extras devant leurs familles et amis, dans une salle des fêtes de la banlieue parisienne.
Pas de Miss Monde, pas de designers ultra tendance, pas de folles flamboyantes en plein décalage horaire, pas d'hystériques des dance floor perfusés à la House, pas d'intellottes pseudo militantes, ni d'universitaires verbeux, pas de Grandes Tantes politiquement correct... bref rien de la "gay way of life" qu'on voudrait nous faire avaler à longueur d'articles de Têtu, ou d'émissions télé.
Les copines sont caissières, coiffeuses ou vendeuses. Les copains sont infirmiers, pâtissiers, ouvriers dans le bâtiment. Dans la salle, il y a belle maman, mémère et l'oncle truc, les frangins, les frangines, les beaufs et belles soeurs, de la marmailles et beaucoup de bonne humeur.
Au milieu trois travelos, des Soeurs de la Perpétuelle Indulgence, qui savent pas trop comment faire en sorte que la mayonnaise prenne.
On commence la cérémonie de mariage et peu à peu, entre les éclats de rire, le silence devient plus dense, l'attention plus palpable, l'émotion plus sensible.
C'est gagné! ils savent pourquoi nous sommes des leurs ce soir, il y a du respect dans leurs voix, de l'affection dans leurs regards.
Le reste, c'est de l'amitié, du partage, des rencontres!
Dans la voiture, en traversant certaines de ces fameuses banlieues qui font peur (et ya de quoi je vous l'assure) pour rentrer chez moi. Je comprenais d'un seul coup le pourquoi de cette impression étrange qui me poursuivait depuis le débût.
Pas de réflexions sur la mauvaise image des gays que nous pouvons donner, pas de causeries interminables sur "intégration ou marginalité, les paradoxes du militantisme homosexuelle contenporain", pas de compétion sur le sexe, l'apparence, la réussite sociale, pas de mise en scène du faaabuleeeux art de vivre pédé... Rien que deux garçons resplendissant de bonheur devant leur gâteau de mariage au milieu de ceux qui ne les ont jamais lâché et savent partager leurs joies et leurs difficultés.
Y en a deux ou trois que j'aurais bien été chercher dans certains bars ou bordels du Marais pour les traîner par la mèche l'Oréal dans cette salle des fêtes de banlieue.
Merci Alex et Romuald pour cette soirée inoubliable, continuez votre chemin...
Et merde à la Grande Pédalerie Parisienne qui s'en fout comme de sa première paire de Ray-Ban!

mardi 29 juillet 2008

ben voila, c'est reparti!

lol les vacances furent courtes!
J'ai fait comme Harry P., sorti un à un les projets, idée, devoirs et autres obligations de ma p'tite tête, tout jeté dans la pensine, regardé flotter ça pendant quelques jours et puis, hop... comme par magie, me voici de retour à Paris avec la tête toute bien rangée.
et du boulot j'en manque pas: la thèse, un boulot alimentaire à rechercher, une école de langue à San Diego pour mars, les soeurs, les copains, mon receuil.... pfff je sais pas si je vais gagner plus mais pour ce qui est de bosser plus, le p'tit gars exité et désagréable qui nous sert de président va pas être déçu!
On a pas traîné pour aller user ou inaugurer nos talons sur le bitume de Paname, trois coups de fils et samedi dernier on était dehors. Cornettes et voiles au vent, contentes de se retrouver et de retrouver nos ouailles. Nos jolis garçons, nos belles nanas que l'été fait un peu désespérer, que la surconsommation sexuelle fait douter, à qui la solitude, surtout au soleil, fait prendre des risques sans trop savoir pourquoi: "le Sida, ben ouais je sais faut se protéger mais j'suis pas au top en ce moment, pis ya tellement de beaux mecs! tu sais ma soeur, j'en ai un peu marre de tout ça..."
Je le sais bien, moi aussi parfois j'en ai un peu marre de tout ça. Essayer de vivre sa vie tambour battant, c'est pas toujours facile, c'est souvent décourageant. Profitons de l'été pour mettre nos coeurs au soleil au moins autant que nos culs. Je vous promets qu'on peut se réchauffer l'âme et que ça fait la vie plus belle!!!

mardi 22 juillet 2008

Solidays 2008: de Vos Etoiles à nos coeurs!

Dur d'écrire un message sur les Solidays, plus dur encore de partager Solidays 2008!
Dans ma vie de garçon ce fut mon premier festival après la vie religieuse, mon premier festival tout court. J'avais 21 ans, c'était un moment important, j'apprenais doucement à être libre dans mon époque. J'étais venu tout seul et ce fut ma première rencontre des Soeurs de France. C'était Solidays 2001.
Pour ma vie de soeur, 5 ans plus tard, sur la pelouse de Lonchamps je faisais ma première action comme postulant et puis Solidays 2007 fut le lieu de mon élévation au rang de Soeur de la Perpétuelle Indulgence.
Forcement, ce festival représente beaucoup plus que je ne saurais l'écrire.
Après la grande tempête de cet hivers, après les grandes déceptions de ce printemps, Solidays 2008 (10 ans du festival!) avait un goût de défi, un arrière goût de fatigue, de tensions et d'angoisses, comme un horizon attendu et redouté tout à la fois.
J'écrivais la nuit précédant la première journée de festival qu'il fallait tout lâcher, ne plus penser à rien et sauter en serrant très fort les mains de mes soeurs...
Et bien tout a lâché le dimanche, après la messe sous le dôme, alors que je venais de me retourner un ongle en sortant de la scène et que la douleur, fulgurante, a failli me faire tomber dans les pommes. Là, tout s'est envolé, j'avais si mal que je ne pouvais penser à rien. La douleur physique a surmergé l'émotion, fait rempart à tout ce qui s'apprêtait à sortir. C'était trop, trop fort, trop beau, trop intense, trop...
C'est bizarre, comme si mon coeur et mon cerveau avaient profité de ce détail (douloureux mais anecdotique tout de même) pour enfermer toutes ces minutes surchargées de sentiments dans une bulle transparente. Je savais qu'elles étaient là, je peux les voir, les sentir et les ressentir dans ce coffret si léger et si dense qu'il me garde comme à distance de moi-même.
Alors...
Je peux vous dire l'amour de ces 5 à 8000 personnes vibrant sur notre messe, le bonheur d'Apostasia devenant à son tour Soeur de la Perpétuelle Indulgence, la naissance de ma filleule Novice Sélène, l'émotion de Kate en entendant le nom de son frère au Patchwoork, la fierté de voir Soeur Ranya soutenir et partager ses larmes, la beauté et la dignité d'Ursita et Christ'All lançant vers le ciel les noms de nos morts.
Je pourrais vous raconter la rencontre aves Richie Havens, l'interview sur OÜI.Fm, les confessions, les mariages, l'immense réserve d'amour et d'humour ouverte à chacun par mes soeurs.
Je voudrais vous partager les fous rire, la solidarité des assos, la fatigue transfigurée des volontaires, vos prénoms, vos visages, vos étoiles...
J'ai tout cela au fond de moi, dans une bulle transparente, qui suinte de bonheur, de fierté, d'émotions, de tendresse. Qui suinte mais ne veut pas s'ouvrir.
De Vos Etoiles à nos coeurs, sachez seulement que naissent des secrets.
Ces secrets nourissent notre désir, appaisent nos doutes, batissent nos projets, animent nos combats...
Ils sont la raison d'être de ces paillettes dont nous avons vu tant d'entre vous resplendir pendant trois jours.
On ne peut pas tout écrire.
Merci.............................................. et à l'année prochaine pour Solidays 2009

Soeur Mystrah Label Fée Gore
Gardienne des Anges Chanteurs
Protectrice des Pieux, de la Tentation et des Repentis
dite la Syphili Mystic

vendredi 18 juillet 2008

Coups de stress, coups de fatigue: Solidays J- 3h

Un costume pour Mme Kékette, une crinoline pour Mme Ursi, les collerettes des Novices, la cornette d'Apostasia, le costume de ma Filleule, son dernier make-up, les comptes de Soulac, les articles pour le site, aller/retour au couvent, aller/retour au marché St Pierre, la bannière pour le stand et puis ces put... de bouquins sur le Ressourcement à charger et décharger de la voiture... encore!!!
Il y a une ligne directe entre Rose et moi, presque jour et nuit depuis des semaines:
"On a compté les piluliers ? Je retrouve pas le numéro d'immatriculation de la voiture pour le pass! Tu te souviens si quelqu'un s'occupe de la bouffe le vendredi ? Qui va chercher Christ'All ? Tu as appelé Salem pour son logement ? "
C'est sûr, on va craquer!
3h du mat lundi, 1h du mat mardi: surtout ne pas négliger les copains puisque je ne les vois déjà plus le WE! ok pour le déjeuner, ok pour l'apéro, ok pour la soirée "fiesta post exams".
Et la vaisselle, et le ménage, les lessives et les repas à préparer... ben forcement le quotidien se met pas en mode "Autogestion" sous prétexte qu'on est débordé! lol
Reste l'article pour Princeton à terminer, deux entretiens d'embauche et des heures au téléphone concernant le procès de Pierre-Etienne.
Dernière ligne droite: surtout ne pas craquer!
Après le Solidays, je me barre en vacances au moins une semaine!
Rose a proposé un dîner de soeurs avant les Solidays jeudi, reste encore le costume de Sélène à boucler, le matériel de la messe à vérifier, celui du stand et ces put... de bouquins sur les Ressourcements. Rien que l'idée de les charger encore dans la voiture me fout les nerfs!
Il est 3h30 du matin, nous sommes le vendredi des Solidays et il faut que j'aille dormir car le réveil est près pour 7h.
Écrire ce post me fait du bien, je sais qu'on va y arriver!
En voyant Salem du Couvent du Nord, Christ'All, Spartacus, Ranya et Emma du Couvent de Paris, Kékette du Couvent d'As et pis nous deux (Rose et moi) réunis pour ce dîner d'Avant Solidays la fatigue a disparue quelques heures.
Rose avait raison, il fallait le faire!
Tout en tentant de réaliser la bannière avec le graffeur (pauvre bannière lol tant pis ça sera pour plus tard), en préparant le dîner, en faisant le service et en continuant de boucler la logistique, on participait à la discussion. Kékette et Spartacus partageant leurs expériences de Gardes Cuisses, Ranya racontant l'épreuve de son premier ressourcement. On a regardé une vidéo de la nouvelle messe toutes ensembles. Beau moment de partage où Emma s'est un peu livrée, où Ranya nous a annoncé qu'elle ferait la messe avec nous. Salem et Christ'All on put échanger sur la situation au Nord, on s'est toutes payées de belles tranches de rire arrosées au Jaja. Et pourtant on était toutes crévées! certaines du voyages, d'autres de leur semaine de boulot mais bon, elles étaient là pour se rencontrer, pour partager et "ça l'a fait grave" comme dirait M'dame Ursi!
A 1h du mat, après rangement, vaisselle et remise en ordre du couvent, en filant chercher un taxi tout en faisant la liste des choses à terminer, je reconnais avoir douté de ma capacité à me lever dans quelques heures... petit moment de découragements mais Rose avait prévu le coup!
50ième appel de la journée dans le taxi:
"_ allo, c Rose! t'en as pensé quoi de ce dîner ?
_ C'était génial! tu as eu raison, on aurait eu tort de se priver de ce moment là! ça valait le coup!
_ T'es pas trop morte ?
_ non, non ça va ! et toi, ça va aller ?
_ t'es explosée (rire sonore de Rose) ! Kékette viens d'aller se coucher et je vais finir le discours d'élévation de ma p'tite. je t'aime fort, bon courage pour ta liste, dors un peu quand même!
_ Merci Martin, essaie de dormir un peu toi aussi!"
Il est presque 4h du matin.
Ouf, je crois que tout est près dans le couloir de l'appart, les sacs, les cartons, les put... de bouquins Ressourcement lol, mon costume, celui de Sélène, ceux de Kékette et d'Ursi!
Solidays J- 3h.
C'est le moment de tout lâcher, de ne plus penser à rien, de faire confiance: On est une super équipe, on va assurer!
Je vais dormir.

mardi 15 juillet 2008

Souvenirs de Gay Pride

Je voulais pas y aller!
ben oui, il faut bien l'avouer, autant j'aime les Pride en province autant la Gay Pride de Paris en soeur ça me fatigue rien que d'y penser.
Je sais, je sais notre 14 juillet à nous autres "LGBTQ" (ça aussi ça m'énerve, ces abréviations ridicules qui sentent le politiquement correct et le pédé de salon!) est une date importante, un incontournable. D'ailleurs notre appartement devient pendant une semaine un îlot gay en plein 20e arrondissement entre les costumes qui se terminent, les copains gay et lesbiennes qui débarquent d'Europe et d'ailleurs, les téléphones qui sonnent toutes les 15 secondes pour savoir ce qu'on fait après la marche, qui reste le dimanche, organise-t-on un grand dîner la veille, si quelqu'un a un boa bleu avec des touches de jaunes à prêter ou juste pour raconter l'angoisse d'une cousine de province qui justement débarque ce WE là mais à qui on a jamais avouer préférer les garçons!
Bref, un moment clé de notre année.
Mais en tant que Soeur ?
Ben là c beaucoup plus compliqué. D'abord difficile de faire passer un message politique perdues au milieu de 800000 personnes, difficile de prendre du temps avec ceux qui le souhaiteraient obligées que nous sommes de courir après les chars tout en faisant des sourires au centaines d'appareils photos et puis ya la fatigue. Et oui, arrivée fin juin j'avais sous les talons 3 mois d'actions tous les WE !
Bref, j'aurais bien rangé ma cornette et laissé le plaisir de défilé à la Gay Pride Parisienne (pardon, Marche des Fiertés, grrrrr ça m'énerve ça aussi lol!) à celles de mes soeurs que ça éclate!
Mais bon, j'y suis allé.
Passons sur la pénible "rencontre" avec mon ex marraine et mon ex grande soeur vaguement déguisées mais toujours corsettées dans leur sempiternels traumas censés excuser des comportements infantiles variant entre bêtise et méchanceté.
En fait, de cette journée j'ai gardé deux moments forts:
_ La minute de silence où les deux couvents parisiens, réunis à genoux dans un immense cercle ont forcé le respect et l'admiration de beaucoup en montrant que de nos diversités pouvaient naître de si beaux instants, que la mémoire de nos morts, que la profondeur de nos combats étaient la source d'une solidarité dont les égomaniaques de tout bord n'auraient pas la peau. J'étais fieres de voir nos novices et postulantes rencontrer sur le trottoir parisien leurs soeurs, leurs tantes, leurs grands mères et arrières grand mères, bref leurs soeurs d'un couvent qui est tout de même la maison mère de l'Ordre en France.
_ Le dîner au couvent. Inconscientes, on avait décider de resortir ensuite après un p'tit break au couvent. Bien sûr, une fois assises impossibles de redécoller. Résultat: Sylvie (la tenancière du Couvent) retroussant ses manches, motivant ses troupes et improvisant un grand dîner post pride dans la cuisine. 4h plus tard plus de la moitié du couvent de Paname, maris et amis compris, ripaillait joyeusement, chantait sans égards pour les voisins tout ce que le répertoire français contient d'hymne de Folles dingues. A se tordre de rire jusqu'à 1h du mat, on a fini par se décider à aller boire un verre, en garçons, dans le Marais pour retrouver les copains, les copines et les autres (d'éventuels amants de Pride! lol)... heureux de se connaître, fiers de partager aussi de tels moments sans talons ni cornettes, juste pour le plaisir d'être ensemble!
Alors oui, il me faut bien l'avouer aussi, il y aurait bien des mercis à dire pour ces souvenirs de Pride 2008.
Parce que même si elle me gonfle, même si j'avais pas envie de la faire, cette pride fut une vraie Pride justement parceque nous l'avons faite ensemble, soeurs, copains, copines, parents, mari(e)s, ami(e)s, amant(e)s.... et que justement, c'est ensemble seulement que nous pouvons vivre l'esprit de ce jour de fête et de mémoire, de cette folle journée de nos fiertés!
Alors, finalement, vivement l'année prochaine...

dimanche 13 juillet 2008

Vacances!

et oui je suis en retard dans mes messages...
en fait rien de grave simplement pas ou trop peu de temps pour les mettre en ligne.
Je n'avais pas arrêté d'écrire, juste de publier sur mon blog. Alors, depuis ma bretagne je vais relire et puis, au fil des jours, comme une drôle de machine a remonter le mois de juin, j'enverrai mes impressions de Pride, mes angoisses préparatoires aux Solidays, les grands moments de joie que nous avons vécus jusqu'à cet instant béni où après avoir ranger talons et cornettes dans le grand placard de l'entrée; j'ai sorti la valise, jeté dedans quelques affaires et filé à la gare pour retrouver la famille, les amis, l'océan et peut être surtout... mes livres et du temps pour les lire!
Bons baisers de Bretagne.

mercredi 18 juin 2008

Moments de Vérité

Ce WE, nous étions au Festival de Soulac en Gironde, organisé par les entreprises de l'énergie. Un départ vendredi à 18h de Paris, une arrivée au camping à 4h30 du mat le samedi, quelques heures de sommeil, puis make up, action, l'élévation de Thérézille au rang de Soeur de la Perpétuelle Indulgence, la grand messe du couvent, puis retour au camping, anniversaire de Soeur Ursita (dernière année avant la carte 'Merveille" M'dame!!!), encore quelques heures de sommeil et puis le retour à Paris avec un p'tit arrêt à Poitiers pour déposer M'me Kékette!
Ouf "Home, Sweet Home"!
C'était pas gagné, 6 soeurs + Papa Rose, la fatigue, la route, le stress, un public majoritairement hétéros et fortement alcoolisé... le parfait cocktail pour un pétage de plombs!
Oh croyez pas qu'on a évité les énervements, les grincements de dents ou les coups de gueule... non, non il y en a eut! mais l'envie de bosser ensemble fut plus forte, l'envie de se dire les choses, de partager le bon et le moins bon, le courage de ne rien lâcher mais de savoir composer étaient là.
Je retiens de cette action les heures de papotage devant le mobile-home. Dans la lumière des bougies, une prière à Ste Marie Jeanne aux lèvres, un bout de profiteroles au chocolat dans le gosier, verres de Jaja sur la table de camping, on avait sorti nos couettes, nos fourrures de folles dingues, nos lunettes de soleil en pleine nuit mais on avait laissé tomber le masque, rangé les appareils photos, mis de côté les égos de Drama Queens juste pour se dire ce qu'on avait sur le coeur, pour ne pas garder rancune, pour essayer de se faire comprendre, parfois pour demander pardon d'un gros coup de gueule.
Pas facile de se faire confiance, pas facile de lâcher prise, pas facile d'être attentives les unes aux autres au-delà de son p'tit nombril... mais c'est aussi ça l'aventure des Sisters.
On a assuré, on s'est offert de bons souvenirs, on a rapporté un joli chèque et partagé un super partenariat....

Alors, on reprend la route quand ?

_Lorsque tu doutes de toi même ou de tes soeurs...
regarde-les marcher dans la lumière... souviens toi que chacune porte les mêmes doutes...
Tend leur la main... laisse-toi porter...
et avance... avec elles... dans la Lumière!!!

jeudi 29 mai 2008

Bad News / Good News: savoir garder le cap!

Ma "twin sister", un garçon qui est devenu un ami, cette soeur Rose dont vous lisez peut être le blog et bien, elle part dans quelques heures rejoindre nos soeurs de Londres!
Ce WE est un peu étrange.
Notre Soeur Kékette du couvent d'As à Bordeaux vient nous rejoindre. Ensemble, avec Thérézille, Apostasia et Benoit nous seront à l'anniversaire des Panthères Roses à Paris. Nous y célébrerons sans doute la Grand Messe du Couvent et nous arpenterons les étages, du dance Floor à la backroom pour faire vivre nos voeux au service de tous.
Pendant ce temps, Soeur Rose sera à Londres en mission pour présenter nos projets à nos soeurs anglaises. Ensuite elle sortira certainement faire la fête et dormira quelques heures avant de chausser ses talons pour participer à une grande marche en compagnie du Couvent Londonien.
Notre petite communauté se partage, les énergies circulent.
Dimanche dernier nous étions invitées au chapitre du Couvent de Paris, mardi on bouclait les festivals de Soullac et des Solidays et nos projets de ressourcements progressaient, ce WE, avec ces deux actions, l'un de nos objectifs se réalise.
Pourtant, cette même semaine, à travers deux rencontres, le tamtam sororale et le silence de certaines, je comprenais aussi que rien n'était apaisé, qu'ailleurs (et bien heureusement pour nous, assez loin) la colère et le ressentiment étaient entretenus, viraient à l'injustice, se donnaient des raisons d'avoir raison envers et contre tout.
On en parle entre nous à demi mot, comme pour ne pas ajouter de la peine à la tristesse. La déception est souvent pire que la colère, c'est une émotion qui vous anesthésie et rend l'autre étranger, inaccessible.
Alors l'une à Londres, les autres à Paris, on va continuer à faire ce qu'on peut pour s'offrir de bonnes nouvelles et ainsi trouver l'énergie de dépasser les mauvaises.
Bonne route ma Rose, tous nos voeux t'accompagnent!

lundi 26 mai 2008

Le bonheur de Bénir

C'est une chose qui me fascinait dans la Bible, dans les livres puis dans la vie religieuse.

Un jour, en Alsace, je fus invité à célébrer le Shabbat chez un couple d'amis juifs. A la fin du repas, les enfants s'approchèrent du père pour recevoir sa bénédiction. L'un après l'autre, ils s'inclinèrent. Mon ami, pas particulièrement religieux, était soudain transfiguré. Concentré, silencieux, il posait ses mains sur la tête de chacun, prononçait dans un murmure la formule de bénédiction. L'instant d'après, en regardant son enfant, on aurait pu croire qu'il le voyait pour la première fois tant ses yeux étaient plein de tendresse, d'affection, presque d'émerveillement. J'en restais bouleversé.

Combien des vieux enfants, que nous croisons sur les trottoirs de France et d'ailleurs, ont espéré recevoir un jour un tel regard de leurs parents ? combien se sont construits pour un jour le mériter ou juste pour en faire le deuil ?

Mon cher vieux maître en Philo qui, quelques années plus tard, serait aussi mon Père abbé, lorsque je lui racontait cette histoire, me dit que la bénédiction n'appartenait pas au prêtre même chez les catholiques. "Nous sommes tous Prêtres, Prophètes et Rois car nous sommes Enfants de l'Univers, c'est l'Amour seul qui Bénit celui qui est aimé" me dit-il.

Alors, aujourd'hui Soeur de la Perpétuelle Indulgence, j'aime bénir.
Ça fait même marrer mes frangines de me voir trifouiller dans mon sac tout le temps, pour retrouver mon tube de paillettes !
J'ai ma p'tite liturgie de bénédiction, celle qui doit faire rire et offrir un symbole accessible à chacun.....
mais au fond de mon coeur, au plus profond de moi, j'essaie que chaque fibre de moi-même s'unisse à cette antique formule de Bénédiction que je récite en silence:

Que l'Amour te bénisse et te garde
qu'Il fasse sur toi rayonner son Visage
Que l'Amour te découvre ton propre visage
et qu'Il t'apporte la Paix

Dans ces instants là, j'espère, je veux croire, que cette bénédiction, que l'Amour à travers quelques paillettes et un regard, peut venir apaiser, guérir, transfigurer toutes les malédictions.
Le silence est malédiction, l'indifférence, le mépris, la colère, la rancune, les insultes sont des malédictions.
Ils sont un miroir qui nous renvoie à la haine de nous même, qui nous pousse à notre tour à maudire ce que nous sommes, à maudire l'autre.
Privés d'Amour, privés de Bénédictions nous sommes aussi privé de l'immense bonheur d'Aimer en retour, de Bénir ce et ceux qui nous entourent.

alors, simplement...

Be blessed


vendredi 23 mai 2008

Communauté et Communautarisme, Village ou Réserve ? de nos rêves de grands espaces...

"gay hors milieu... adepte du milieu s'abstenir... allergique au ghetto... je ne supporte plus le milieu" ironiquement on peut souvent lire ça dans les annonces sur le net, l'entendre dans les bars du Marais , parfois même dans des discussion entre Soeurs.
Beaucoup de gays (et d'hétéros) n'aiment pas le milieu, parlent de ghetto, s'enflamment sur la fameuse (mais bien difficilement définissable) communauté gay.

Les "espaces gays" sont multiples, polymorphes et je suis de ceux qui croient que tout est politique du publique au privé en passant par l'intime.
Qu'on cherche un "plan" (voir l'Amour) sur le net ou un bar pour discuter avec ses amis sans révulser ses voisins de table, qu'on lise Têtu ou Hocquenghem pour comprendre ou rêver, qu'on ne vive plus que pour son couple chez soi entouré de quelques amis ou qu'on écume les boites d'europe ; Etre gay demande un (des) espace (s) parce que c'est une nécessité de l'existence elle-même.
et on m'accordera facilement que les espaces dits "publiques" sont loin de nous être acquis, propices voir hospitaliers!

Pour les homos (filles ou garçons) comme pour "les étranges et venus d'ailleurs" de tous poils et espèces, il faut sans cesse investir des espaces, il nous faut sans cesse penser l'espace, le conquérir, souvent le délimiter ou le déminer pour pouvoir être soi, ne pas se trouver en danger physique, affectif, social ou intellectuel. Bien souvent, nous devons, après les avoir désespérément rechercher, assumer les espaces que l'histoire, la technologies et les combats de certains de nos aînés nous ont laissé en héritage. C'est souvent ici que les récriminations et les allergies commencent!

J'suis un garçon, un pédé (qui ne rechigne pas sur les relations féminines), un intello (pour autant que ça veuille dire quelque chose), un métis, un p'tit bourge, un "- de 30ans (enfin plus pour longtemps lol!), un croyant, une Soeur de la Perpétuelle Indulgence... combien d'autres cases et tiroirs, combien d'autres espaces encore ?
Il faut bien que tout cela puisse co exister quelque part, pour que je puisse exister !

Alors on devient passe muraille, transfrontalier, voyageur, chercheur d'espaces, créateur de terres éphémères, pèlerin et mendiant sur les géographies sociales, militant, missionnaire et explorateur pour des terres d'avenir.

Les Gay Prides, quoiqu'on en dise ou pense, essaient, en plus du reste, d'être cela: un espace.

Une Soeur sur le trottoir d'une ville porte un halo, crée un espace, offre une île d'un instant où tout peut se dire, se partager, s'inventer, où tout doit pouvoir exister sans autre limite que le Respect, sans autre valeur que l'Amour.

La communauté gay n'est qu'une cartographie complexe, mouvante et en perpétuelle évolution d'espaces pour être gay.
Certainement nous ne sommes pas que gay mais plus certainement encore on doit se battre pour que ces espaces deviennent un lieu de co existance de toutes les différences, sorte de laboratoire libertaire des diversités. Ce qui s'était fondé sur une particularité, ce qui avait été crée pour être un espace où vivre un désir minoritaire et un espoir singulier irriguera peut être alors la communauté humaine, notre société toute entière, l'Espace qui nous est offert pour exister.

Quand j'écrivais que tout est politique!!!
Tout est surtout un rêve en acte où l'on ne devrait espérer moins pour tous que pour soi-même.
Samedi dernier nous rêvions à Bruxelles, samedi prochain nous rêverons à Tours.

Aux rêveurs éveillés qui bâtissent des cathédrales de nuages où ensemble, chacun puisse être soi je suis heureux de dédié ce post.

jeudi 15 mai 2008

Soirée Magique, la fin d'un doute

Si je m'étais planté ? si T de la VF avait vraiment été, à elle toute seule, le Couvent de Paname ? si je n'avais fait que briser un équilibre certes injuste et malsain mais finalement nécessaire ? si nous nous étions embarquées sur un navire trop grand pour nous et que nous allions faire naufrage par manque d'expérience, parce que dès le départ nous n'avions pas les qualités requises ?
Il y avait du symbole là dessous.
Première grande soirée avant le Marathon jusqu'aux Solidays, Soeur Ursita sur un DanceFloor, Soeur Rose en metteuse en scène délirante, des postulants derrières le stand, Apostasia resplendissante... et moi, angoissé tentant de laisser mes questions dans ma trousse à maquillage.
Samedi dernier, le Couvent de Paname célébrait sa nouvelle Messe en avant première chez les Nounours.
Une semaine de galère, de stress, de nuits trop courtes et d'heures passées au téléphone mais une semaine de surprises, de bonnes volontés, d'idées, de solidarité et de créativité.
Papa et Maman Rose, Agnès, Christophe, le p'tit monsieur de la boutique de tissus au Marché St Pierre, tous, ils nous ont encouragé, filé un coup de main ou se sont jetés à corps perdu dans l'aventure.
Après 3 heures de répétitions, quelques cachets de vitamines C et plusieurs bouteilles de Perrier; nos ouailles ont applaudi, ils ont adorer et nous, on s'est éclaté!
Bien sûr, il y a des choses à reprendre, des améliorations à faire avant Soullac et surtout les Solidays mais la banane sur le visage de mes soeurs était là. Heureuses, fières, soudées, motivées, on avait gagné notre pari toutes ensembles.
Alors, en quittant la scène pour aller fumer une clope dehors, j'étais épuisé, j'étais heureux, j'étais bouleversé.
Six mois de galère, des mots impardonnables, notre couvent mis à sac par l'Ego Trip de celle qui lui avait offert des heures grandioses, beaucoup de doutes, trop d'angoisses, des décisions difficiles et des ruptures inévitables pour que sur le trottoir 5 rue de la Croix Nivert vers 3h du mat, j'ai finalement la certitude que nous avions fait pour le mieux.
Finalement, j'avoue que j'ai eu peine à retenir mes larmes dans les bras d'Apo et de Rose, que j'ai foncé faire un calin, comme un gosse, dans les bras d'Ursi et qu'on a toutes explosé d'un rire salvateur, quand, le poing levé vers les étoiles, elle a hurlé:
"Paname for Ever"
avant de se tourner vers nous pour nous glisser, avec son regard bleu, pétillant de malice:
"Good Work Girls!"

mercredi 14 mai 2008

Le Blues du Ressourcement

L'année dernière, à peu près à la même époque, j'avais une marraine, une soeur ainée et j'étais au Couvent des Montagnes pour faire un ressourcement avec des soeurs devenues presque mythiques tant on m'en avait parlé.
J'étais pas rassuré, pourquoi le cacher, moi qui déteste la nature presque autant qu'elle m'en veut, qui n'avait aucune idée de ce que pouvait être une semaine partagée avec des malades. Bref, j'avais la trouille, une rage de dent, une demie tonne de bagages, la phobie du vert mais j'avais surtout une envie de Folle d'aller là haut voir ce qui se passait de si beau pour que mes soeurs en parlent les larmes aux yeux, la joie au coeur, la passion dans la voix.
L'année dernière, un peu plus tard dans le mois, je rentrais du Couvent des Montagnes le jour de mon anniversaire.
A la gare de Lyon, mon coloc et mon grand frère me faisaient la surprise d'être là.
Dans le taxi, à la maison, au restaurant, ils n'ont pu m'arrêter tant j'avais besoin de raconter, de décrire, de partager les larmes d'Assina, le sourire de José, les délires de Dominique, mon élévation au rang de Soeur du Couvent des Montagnes.
Encore aujourd'hui, j'ai le coeur qui palpite de la Folie de mes soeurs, du dévouement d'Anne et Etienne, de la Beauté, de la Liberté, de la Profondeur de tout ce qui a pu s'offrir quelque part dans le Vercors.
Un an plus tard, ma marraine s'en est allée, ma grande soeur aussi, beaucoup de choses ont été brisées stupidement! Cinq soeurs sont au Couvent des Montagnes avec un nouveau groupe de ressourcés.
Je sais que derrière mes mots il y a de la colère, du dépit et de la frustration.
Si notre dernière action a fini de me convaincre que nous avions eu raison, si le sourire des Bears pendant la messe samedi dernier, les confessions dans les backrooms le samedi précédent ne valent pas moins que ceux des ressourcés au Caribou.......
et bien, malgré tout, j'ai le Blues du ressourcement, j'aimerais être là haut avec elles et que rien n'ai changé entre nous.
J'aimerais croire que le temps fera son effet, qu'en Décembre les choses auront été mises à plat et que je remontrais, que j'y accompagnerais de nouvelles soeurs ou novices de Paname pour qu'elles puissent découvrir l'aventure fabuleuse d'un ressourcement et se découvrir à travers ces instant magiques.
J'aimerais le croire...
mais la Vie m'a appris qu'on ne peut être responsable que de soi et de ses actes, que ce qui n'est pas entendu une première fois l'est rarement la seconde, que les mêmes causes produisent souvent les mêmes effets.
Alors les Filles, vous qui continuez l'aventure, loin là haut dans la montagne, que votre semaine soit de Lumière pour l'Amour de vous mêmes et de nos chers ressourcés.
Dans la Vallée, ce n'est pas le boulot qui nous manque, on continuera a se battre avec parfois au fond du coeur... le Blues du Ressourcement.

dimanche 4 mai 2008

Ombres et Lumières

In loving Mémory of Sister Tasha Salad...

La nuit dernière nous étions sur le trottoir, dans les bordels.
La nuit dernière naissait à la Lumière des Soeurs un jeune postulant qui pour la première fois venait arpenter les chemins de traverses des coeurs de nos étranges paroissiens.
La nuit dernière l'âme d'une soeur, la Lumière et la Vie de l'une de nos soeurs, quittaient nos rivages et partaient rejoindre ce paradisco, cet Eden des Folles d'aujourd'hui et d'hier.

Nos soeurs américaines sont en deuil, l'Ordre tout entier se tait un instant.

De Paris à Seattle, de Sydney à Berlin, ainsi s'éteint et renaît la Lumière dans un souffle pailleté.
Pour l'Amour de nous même, pour que vive et parfois survive, l'Amour lui même dans nos coeurs, dans les coeurs de notre communauté, au coeur d'un monde qui en perd le goût de rire... nous avons partagé des petits bouts de latex pour protéger la Vie, nous avons écouté, béni, confessé, partagé, rigolé comme des dindes, pédalé comme des folles.

Ainsi, toujours, la flamme jetée au brasier, nourrit un feu qui espère l'Incendie.

L'Ephémère mérite la Beauté et la Joie, l'Ombre des nuits du Siècle appelle le bruit de nos talons, le frémissement de nos faux cils, l'incandescence de nos paillettes.
Sister Tasha le savait, postulant Benoit en a l'intuition, tous les lutteurs du quotidien en portent la certitude dans le regard.
Merci a ceux qui d'Ombre et de Lumière savent peindre l'Existence.

Battez vous pour aujourd'hui sinon demain mourra de nos sommeils

Benoit: Bienvenue, Chérie!

Tasha: Goodbye and Thanks, Darling!

mercredi 30 avril 2008

Coup de Coeur

Quelques uns attendent depuis longtemps, d'autres nous connaissent depuis peu. 5 aspirants au postulat vont frapper à la porte du couvent. Nous avons reçu leurs courriers, nous avons commencé une correspondance avec certains, parfois même on a été se prendre une bière pour pouvoir discuter plus avant!
Je ne sais ce que le conseil des Soeurs décidera, quels seront ceux qui nous rejoindrons pour continuer l'aventure.
Ce que je sais, ce que j'ai vu ou lu, c'est le désir, l'envie, la joie d'essayer de s'engager, de trouver un moyen pour échanger, partager, servir, aimer plus et surtout différemment.
Ils ont la vingtaine, la trentaine, la quarantaine, sont en couple ou célibataire, gay, bi ou hétéro.
Ils parlent souvent d'un coup de coeur, réfléchi ou spontané, mûri ou impulsif, ils cherchent a expliquer ce qui les attire vers notre couvent, notre ordre, nos combats.
Alors oui, ça va pas être facile, oui, nous ne sommes pas nombreuses et pas question de brader la formation et les exigences pour faire du nombre. Au contraire, notre AGO à décider de renforcer les exigences concrètes dans la formation des postulants et des novices.
Oui, tous ne seront peut être pas Soeur de la Perpétuelle Indulgence.
Mais le coup de coeur, le coup au coeur, c'est nous, les vieilles et les nouvelles, qui l'avons quand notre engagement voit venir à sa rencontre le désir éveillé d'autres Folles.
Eux et elles aussi l'épidémie les rend dingue, la honte, la solitude ou le manque d'amour vécus par beaucoup leur donne envie de chausser des talons, de se mettre une jupe sur le cul et un peu (beaucoup lol) de maquillage sur la figure pour aller offrir les trésors de Joie et d'Amour que plusieurs générations de frangines ont accumulés.
Alors à Stéph., à A., à L et Ben., à M et S, quoique décide le conseil des Soeurs, quoique soit votre chemin dans ou avec l'Ordre:
Merci pour vos coups de Coeur en réponse aux nôtres!

samedi 19 avril 2008

Se laisser toucher

En le regardant, je savais que les derniers temps avaient été difficiles.
Presque une année que nous nous croisons: " Alors ma soeur, comment allez vous?" On discute, on parle un peu, un lien se crée, éphémère, délicat, dérisoire tout comme nos personnages.
Et puis cette nuit là, il est tout seul près du Dance Floor. Je ne m'attendais pas à le trouver dans cette boite de nuit.
Alors on parle un peu, on discute et puis...
:"Ma soeur, vous m'offrez un slow ?"
Il vous laisse le choix et vous savez que vont s'échanger les quelques mots qui vont faire une légère mais profonde différence.
Savoir se laisser toucher par ce p'tit gars malade, par son histoire, son quotidien. Accepter de partager ce moment et ouvrir son coeur en même temps que ses bras. Etre fier du chemin qui nous a mené tous les deux à cet instant précis.
Alors nous avons dansé et autour de nous personne n'a rien vu. Un beau garçon qui danse avec une Soeur de la Perpétuelle Indulgence quoi de plus normal. Le merveilleux est resté caché dans mon coeur, dans ses yeux.
P'tit gars, si tu savais ce que tu as offert à la soeur à qui tu ouvrais ton coeur. Sur ce slow, j'ai retrouvé le sens de mes voeux, l'envie d'aider ceux et celles qui veulent s'engager sur notre chemin de nonnes folles et radicales pour qu'à leur désir d'être soeur répondent de tels instants.
Les prides, la semaine de la Fierté Ours, le festival de Soullac, les Solidays et toutes nos soirées improvisées sur le trottoir, nos soeurs qui seront bientôt en ressourcement... une vie et le travail d'une soeur, ce qui fait notre joie, notre fierté, notre espoir aussi.
Le reste ne m'intéresse plus, nous saurons nous en protéger les unes les autres.
Pensez à nous samedi prochain: notre AG sera une jolie garden partie en campagne!

jeudi 3 avril 2008

Reconstruire

Comme un bateau qui sort de la tempête, doucement, chacune de mes soeurs commencent à prendre conscience que le temps a changé.
Reposer ses nerfs, ne plus attendre le prochain éclair, décrisper ses doigts du pont où chacune avait pris place pour faire face aux vagues; oui, décidément, le temps à changé.
L'une de mes soeurs, une ancienne d'un autre couvent, m'a dit aujourd'hui.
"faites attention les unes aux autres, vous sortez d'un sacré coup de vent, il va vous falloir du temps pour vous reconstruire"
Je sais qu'elle a raison.
Il va falloir faire le bilan des pertes de confiance, des relations mal en point, des colères ravalées sous la bourrasque mais que le beau temps aura tôt fait de laisser éclore.
Le problème ne se pose pas entre celles qui ont affronté l'orage. Etre sur un même bateau pendant un tel grain ça crée des liens forts entre celles et ceux qui ont choisi de rester.
Non, le vrai problème c'est pour reconstruire!
Ce bateau n'est pas le nôtre, l'équipage est au service d'un truc qui dépasse l'installation d'un nouveau club d'anciens combattants. Parceque de tempêtes en tempêtes on ne verra que la multiplication de ces clubs; celui de la bataille de 96, celui de la grande guerre du Sida, celui de la mutinerie de 2003.
Si nous reconstruisons sur nos colères, nos rancunes, nos confiances mises à mal alors les prochains à s'engager sur le navire navigueront avec nos colères, nos rancunes et nos manques de confiance. Le plus important pour eux ça sera les tempêtes et pas notre voyage!
Alors que faire ?
Peut être se laisser le temps de prendre conscience que le temps à changé! faire les réparations d'urgence et reprendre goût à naviguer. Puis, calmement, voir monter à bord de nouveaux mousses et aménager avec eux un bateau qui sera aussi le leur.
Mon papa, en m'apprenant les rudiments de la voile, disait que si on avait construit les bateaux pour la tempête alors, on n'aurait sans doute jamais fait la moindre barque.
Se souvenir qu'une soeur est là pour offrir de la joie afin de lutter contre la honte, contre la maladie, contre tout ce qui fait l'humanité moins belle et le quotidien vide de magie!
et après seulement...
Inscrire sur son livre de bord:
"avons traversé une sacrée tempête, l'aventure continue..."

mardi 25 mars 2008

Samedi Saint..."l'aube revient encore"

Avant d'être la belle journée qui a vu l'élévation d'une nouvelle novice, une belle manif pour le droit des tapins et aussi le jour anniversaire de notre Ordre; c'était pour moi le samedi de ma semaine Sainte.
J'ai gardé bien peu des rites qui ont marqué ma vie d'avant.
En fait, je n'ai gardé que la pratique de l'office de Complies, celui de l'office des Morts, le carême et la semaine Sainte. Dans cette semaine un moment m'est particulièrement cher: l'office de l'agonie du Christ et le vendredi Saint.
Mon portable est éteint, la porte de ma chambre reste close.
Cette année mon esprit et mon coeur furent habités par des méditations qui n'étaient pas si éloignées qu'il y paraît.
La première était l'Absence. Sûrement parce que c'est le thème du recueil que je suis en train d'achever, peut être aussi en raison des choix qu'il m'aura fallut faire cette année.
La seconde fut le Combat. Je me suis souvenu des combats qui furent miens, du serment d'allégeance des soeurs où je me suis engager à nouveau pour un autre combat, celui qui s'est enfin achevé dans notre petit couvent.
Au combat, on ne gagne jamais que de nouveaux absents. Des absents qui vous hantent, des absents qui vous libèrent, certains qu'on pleure, d'autres qu'on regrette. On gagne aussi, quand on les gagne, des énergies nouvelles dans le coeur, les yeux, les mains, de ceux qu'on découvre à ses côtés.
Surtout, ne pas se perdre soi-même. C'est la seule façon pour qu'un combat ne devienne pas une guerre.
La dernière de mes méditations fut sur l'Espoir. L'enjeu de la nuit au Mont des Oliviers m'a toujours semblé être la vie ou la mort de l'Espoir sur soi, sur l'autre, pour soi et pour l'autre.

Certains trouveront certainement malsain de prendre autant de temps pour réfléchir et prier sur le récit de l'agonie puis du supplice d'un pauvre type en Palestine il y a plus de 2000 ans.
J'y ai trouvé une paix profonde, une joie nouvelle, pour continuer a écrire ma vie de garçon, ma vie de soeur, mon choix d'être un Homme.

A l'instant où j'écris, du Tibet à la Birmanie, de l'Afrique à l'Amérique Latine, en fait partout dans le monde, tant d'hommes et de femmes se battent, entourés de tant d'absents, avec l'Espoir de la Liberté, de la Justice, de se trouver eux-mêmes pour que le Monde en soit meilleur!

Si on ne peut faire mieux, du moins, on ne doit pas faire moins.

vendredi 21 mars 2008

C'est quoi un couvent ?

Une drôle d'alchimie, un pot au feu de bonnes volontés, une bouillabaisse un peu lourde à digérer parfois mais riche, si riche qu'on a une seule envie: la partager!
Enfin ça, c'est dans le meilleur des cas.
Par ce que votre couvent est aussi l'histoire glorieuse des faits d'arme de vos ainées et l'histoire beaucoup moins sympathique de leurs coups de pute. Il se compose des p'tites déceptions de vos soeurs et de leurs grands espoirs, de votre p'tite pierre et de vos gros cailloux. Comme la grande Dame en noir le chantait de son amour, je pourrais dire de mon couvent...
qu'il s'alanguit, qu'il rêve, qu'il frissonne, qu'il tangue, qu'il chavire et comme la rengaine, il va, il vient, il tourne et que de temps en temps il se traîne...
Demain, notre couvent élèvera une nouvelle novice. Cette futur novice est mon ami et mon colocataire. Comment lui expliquer ce qu'est un couvent, ce qu'est notre couvent, avant qu'il mette son premier talon dans ce magnifique guêpier ?
Bien sûr depuis le temps qu'il nous connait, depuis les longs mois de son postulat, je crois qu'il en a vu tellement...
Mais a-t-il la passion qui fait rester, l'amour qui donne envie de se battre et de poser des choix pour ses soeurs ?
Il le découvrira et nous le découvrirons avec lui.
C'est peut être ça l'essentiel d'un couvent, ce petit supplément qui fait que nous sommes aussi soeurs ensembles: une aventure individuelle vécue, crée, partagée collectivement.
Demain notre couvent comptera un nouveau personnage, notre ordre comptera une nouvelle novice. Des soeurs des deux couvents parisiens recevront ses voeux, feront mémoire à travers lui des voeux que chacune à prononcer et que toutes, nous essayons de vivre.
_Amour _Joie et Paix _Droit à la différence _Solidarité _Lutte et prévention VIH sida _Droit et Devoir de Mémoire
Alors, finalement qu'est ce qu'un couvent ? le nom d'une association loi 1901, la propriété d'une personne, l'histoire d'un groupe, l'envie d'être ensemble, un club exclusif de vielles copines, une idée qui tient chaud quand on a plus que ça, la chance de n'être pas trop seul...
Demain, en même temps que son costume, son nom et son voile, les soeurs du couvent de Paname offriront à cette nouvelle novice un outil.
Nous lui dirons attention, cet outil est fragile et il est notre bien à toutes. Comme disait St Augustin : "une partie de nous le compose et c sur lui, dans son ensemble, que chacun se repose."
Finalement, je lui glisserai peut être à l'oreille:
"Aime
et fait que voudras...
Notre couvent est fait pour ça"

dimanche 3 février 2008

Vivre dans l'Histoire

Il y a peu, nous étions dans une asso de jeunes gays et lesbiennes. Deux soeurs, un postulant pour raconter, présenter, partager l'histoire des soeurs et notre vie de soeur de la Perpétuelle Indulgence.
Presque un exercice de style où nous avons vu maintes fois nos ainées s'illustrer avec brio. Surtout ne pas oublier les dates, étaient-elles trois ou quatre à la première action... bref comment redire sans trahir ou rabacher ?
Je crois que nous nous en sommes bien sorties mais le plus étonnant pour moi reste ce sentiment étrange; faire parti de l'Histoire!
Si souvent j'ai l'impression de subir, de voir s'agiter l'Histoire et d'en garder juste l'écume, d'en avoir le sel sur le visage sans jamais avoir pu me jeter dans les vagues.
Il y eut de grandes manifs et oui, j'y étais. Quelques mouvements artistiques, politiques ou spirituels et là aussi, je fus du lot.
Mais, cette fois-çi en parlant de la communauté gay, de ses tribulations durant la seconde moitiée siècle précédent, de cette saloperie de Sida, des Soeurs, du bonheur et des déceptions rencontrés en trainant mes talons sur les trottoirs et les dancefloor; notre histoire était la mienne, mon aventure rencontrait celle de beaucoup d'autres.
Instant étrange où tout est en harmonie mais aussi en mouvement.
Certains se vantent de ne pas changer, de n'avoir jamais varier et cela m'a toujours fait rire intérieurement. Un peu comme les notaires de Brel dans sa chanson sur les Bourgeois, ils sont ravis de se regarder passant les années, satisfaits. Comme Brel je trouve cela touchant, comique et un peu pathétique aussi.
J'espère que j'ai changer et que je continuerais à évoluer, à tenter l'Histoire!
Se détourner de l'histoire est un peu ce que me semble faire beaucoup dans notre pays. Inquiets pour leurs histoires individuelles (leur travail, leur famille) ils laissent à d'autres le soin de faire l'Histoire. Ce n'est jamais très bon signe pour les libertés collectives et individuelles.
Mais, depuis ce beau sentiment à la sortie d'une action sans rien d'extraordinaire, j'essaie, un peu plus, de savourer et de comprendre, de conserver et de tendre vers...
Bref, de vivre mon histoire avec et dans l'Histoire.
Sur la Carte du Temps que Nos Chemins soient de Lumière

jeudi 24 janvier 2008

L'histoire d'une Soeur ?

En débutant la rédaction de ce post (et de ce blog) je me demandais qui allait parler et de quoi... Car cette Soeur de la Perpétuelle Indulgence est aussi un citoyen, un "militant" queer, un garçon qui aime des garçons et parfois, aussi, des filles.
"Au début d'une histoire il y tout ce que l'on dit, tout ce que l'on voudrait dire et aussi tout ce qu'il faut savoir taire " disaient nos anciennes.
Je voulais offrir un peu de cette magie dont le manque pousse des gamins à se jeter sous des métros pour ne pas voir arriver le jour suivant. Je voulais partager toute la poésie, tout le courage et tout l'amour qu'on se réfuse mais qui suintent dans les regards certains soirs. Je voulais offrir un visage de faux cils et de paillettes à tout ce qui me dégoute et me fait serrer les poings
Lutter avec Amour et Humour.
Depuis le Juillet 2006 me voila entré dans l'Ordre des Soeurs de la Perpétuelle Indulgence; un truc de dingues pour mes amis, une folie de plus pour ma famille.
En un peu plus d'un an et demi je suis devenu Soeur de la Perpétuelle Indulgence, mon colocataire est entrée dans l'Ordre, mes amis (chacun à leur manière) se sont mis à partager cette aventure, ma famille regarde notre combat avec un respect et une fierté dont les points d'interrogations sont devenus, peu à peu, des mots que nous partageons ensembles.
Et le garçon sous le maquillage a changé lui aussi.
J'ai vaincu des peurs, j'en ai découvert de nouvelles. Mes rapports au milieu gay et queer ont évolué.
Ce blog ne sera pas une suite de résumés édifiants de ce que les Soeurs font à Paris et ailleurs dans le monde. Les sites internet de chaque couvent le font très bien.
Je crois que ce sera juste le journal, pas si intime que ça, d'un garçon de 27 ans embarqué volontaire dans une aventure qui le dépasse.
Si j'avais su qu'aimer les garçons, la liberté, la justice, la beauté pouvait mener à la vie que j'ai actuellement... alors je n'aurais pas aimer moins ni différement, j'aurais peut-être simplement eu moins peur de souffrir.
"Tachons d'être Heureux"!